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LE VOLCAN DE FOU : L’ACATENANGO

Arrivé à l’auberge d’Antigua, je demande rapidement les choses à faire dans les environs. Ni une ni deux, on me vend l’ascension du volcan Acatenango. Ca tombe bien, j’avais prévu ce trek. Leur truc a l’air de qualité. Allez vendu ! L’Acatenango fait partie de la même chaîne que le Fuego, volcan en activité. Son ascension permet donc une vue normalement superbe sur le volcan en activité… normalement…

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Mercredi matin, je fais mon paquetage pour deux jours de treks. Je sais que ça va être dur et qu’il va faire froid. Je me rappelle donc au principe des trois couches et vais tester pour le coup mon équipement Décathlon (léger mais qui se veut efficace) . Ca me fait peur lorsque je vois l’auberge équiper les autres clients d’anoraks dignes d’une montée de l’Anapurna !

Nous prenons donc le minibus qui nous amène à une heure d’Antigua. Nous ne sommes que 6 dans le groupe : 1 anglais, 1 autralien, 1 belge, 2 espagnoles et moi. C’est parti pour la montée. Pour aujourd’hui, nous allons passé de 2 200 m à 3 700 m. Je n’ai pas regardé précisément, mais ça a du nous prendre 5 bonnes heures, pause déjeuner comprise, pour environ 6 km. Je vous laisse imaginer le terrain, l’inclinaison. Le premier tiers est constitué de sable volcanico-gravilloneux qui glisse sous les chaussures. En gros, tu fais deux pas, tu glisses d’un pas. Le souffle est court. Ca va, je m’en tire bien. Je remercie mon hypnothérapeute qui m’a fait arrêter de fumer il y a 9 mois ! Puis, la végétation change. Les plantations diverses laissent la place à végétation luxuriante puis à des pins, les gravillons à la roche. Chacun monte à son rythme avec une guide super bienveillant. Je pense qu’au plus dur, nous faisions un kilomètre en plus d’une heure. Et le pompon ! On ne voit rien car on marche dans le brouillard ou dans le gros nuage.

Super quoi ! Tu te dis « j’en chie et en plus on ne verra rien ». Le guide, pour nous rassurer, nous dit qu’on a de la chance car il ne pleut pas ! « C’est ça, ouai… manquerait plus que ça ! ». Bref, heureusement que les 45 dernières minutes sont cools. C’est presque plat. Nous arrivons au campement de base, bien rincés mais contents. On est censé voir le volcan Fuego. On ne voit rien évidemment… Par contre on l’entend, il est en éruption ! C’est un peu chiant, c’est comme quand à la TV, tu n’as que le son… Restons positif, ça permet de l’apprécier. Le Fuego ronfle, la coeur de la terre gronde… On ne le voit pas, mais il nous cause… comme menaçant !

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Deux heures après, ça caille vraiment là-haut en on ne voit toujours rien. Je décide donc d’aller faire une petite sieste. A peine allongé, j’entends les copains crier « fuego ». Et là, c’est parti, le spectacle de la nature commence. Les éclairs s’en mêlent et le tonnerre vient se mélanger aux cris du volcan. L’éruption est quasi continue et  le soleil se couche. Nous voyons la lave dévaler les flancs de cette grande dame énervée. C’est magique. De l’autre côté, la vue sur le Volcan Agua est juste sublime. On en oublie le froid (la température ressentie est bien en-dessous de zéro). Notre guide nous prépare des branches d’arbre pour faire cuire nos chamallows grillés.

Et le spectacle continue. Je crois que les Dieux sont avec nous. Ils nous fournissent une superbe éruption du Fuego, avec des nuages permettant un mélange de couleur à couper le souffle. La Terre a un coeur, c’est sûr. Et ce soir, pas besoin de stéthoscope… On l’entend. La Terre crache de la lave, par la bouche du Fuego. Et nous, on est là… tout petits, à admirer ce spectacle !

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Le Volcan Agua : la maman surveille sa fille énervée
Le volcan Fuego du camp de base
Le Volcan Fuego : la belle effrontée !

Du camp de base, c’est déjà magique. Mais demain, le réveil sonne à 4 heures pour parcourir le dénivelé le 300 mètres restant. Mon voisin de tente restera dormir, les jambes ne suivant plus. Deux autres abandonnerons à cause d’une lampe frontale déficiente. Nous ne sommes plus que trois et le guide. 300 mètres de dénivelé, facile ! P…, plus d’une heure qu’il nous aura fallu ! C’était comme grimper sur Dune du Pilat sans marche, sans appuis. Le sable glisse sous les pieds. Je reste prudemment derrière l’espagnole, qui m’avoue avoir le souffle coupé et vraiment du mal à respirer (on approche les 4000 m). Sur les bords, des gens d’autres groupes sont allongés (mal d’altitude).

Nous arrivons, juste avant le levée du soleil à 3976 m. Ils auraient pu rajouter 34 mètres, au point où on en était. Alors, là, c’est juste énorme. Le point de vue, ou les points de vue, sont mortels, les minutes avancent, les couleurs changent. Les photos sont dures à prendre car il fait super froid, mais les images resteront définitivement dans la tête. Fuego ne s’est pas calmée. Elle continue à hurler, comme si elle avait quelque chose à nous dire. Sa salive coule sur ses joues ! Et, ça nous ramène à notre petit niveau cette affaire. La nature sera définitivement plus forte que tout !

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La team au sommet !

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La descente vers le camp de base est drôle. Comme des gamins ayant eu leur jouet, on court dans le sable, je vais des dérapages de ski ! On arrive rejoindre les autres, des étoiles dans les yeux. Ceux qui ne sont pas montés sont également heureux car la vue du campement est elle aussi canon !

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Un petit café, un bon croissant, et c’est parti pour la descente. On dit 2H30. je l’ai fait en beaucoup moins de temps car avec deux autres du groupes, nous l’avons faite quasi intégralement en courant. Mes cuisses m’en remercie aujourd’hui. Arrivés en bas avec le collègue belge, on trinque à l’aventure. Il est 9H30, il achète sa liqueur locale, moi je me limiterai à une bière… Il n’est même pas 10 heures du matin !

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Suis content !

Des fois, dans ta vie, tu te dis  » j’ai encore ça à faire avant de mourir ». Je n’avais pas mis ça sur ma liste car je ne savais pas que ça existait. Ce mélange de sensation, mêlant l’effort physique, le découragement ponctuel, le regard de l’autre qui te dit « Vas-y », le petit geste que tu fais à ton pote du jour pour l’encourager, avec en récompense le plus somptueux spectacle Son et Lumière de la nature… les cris, les ronronnements de Fuego !  un des plus beaux show que j’ai pu voir, sans aucun doute !

Pourquoi je recommande Wicho&Charlie : en gros le tour coûte 350 Q + l’entrée du parc à 50 Q. Comparé aux info prises sur les blogs, les prix ont l’air d’avoir nettement augmenté. Wicho&Charlie se situe donc dans une fourchette de prix raisonnable, mais avec des plus. Les groupes sont de taille mesurée. Certaines agences partent avec des groupes de 20. La moyenne ici est plutôt de 10. La bouffe est copieuse avec un repas chaud le soir (des pates OK, mais c’est chaud et c’est bon). Quand il fait froid, ça fait du bien. Enfin, il n’y a pas de tente à porter pour la montée. Perso, mon sac à dos de 15 litres m’a suffit, avec des vestes portés en extérieur. J’ai vu des gens clairement galérer : équipement non adapté, poids sur les épaules… Bref, chacun fait comme il veut mais je peux vous dire que cette rando est suffisamment dure comme ça.

Enfin, j’ai vu certaine personnes qui recommande de partir en solo. Pourquoi pas… C’est comme au ski, tu pars en hors piste, sans équipement de secours, sans arva… en cas de plantage, l’issue est fatale. 10 personnes ont perdu la vie en début d’année (OK, les conditions étaient plus dures, mais bon…). On ne déconne pas… donc…

 

4 commentaires sur « LE VOLCAN DE FOU : L’ACATENANGO »

    1. Salut Gildas,
      C’est un grand plaisir de suivre ton périple. Continue à nous faire partager ton aventure, tes rencontres et la beauté des paysages. On pense à toi et surtout on te voit heureux.

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